TEXTES

Textes de:
- Benjamin Lhemoine, 2010.
- Pierre Tilman, 2009.
- Fabrice Raymond, 2011.
- Patrick Sauze, 2009.
- Kathleen Burlumi, 2010.
Bernard Teulon-Nouailles, 2014.





Désir de monochrome et artocentrie

Saisir l’art de Patrick Sauze c’est comprendre son cheminement, son parcours, qui débute par une posture post-fluxus et qui le conduit à ce qu’il nomme un désir de monochrome. Un parcours intellectuel, qui selon lui prend la forme d’un congloméra de certitudes qui se serait effrité au cours des ans, comme une falaise soumise à une érosion, un ressac incessant de pensées et de paroles. Dans son oeuvre, si les certitudes se sont effritées, les images, elles, tendent à s’évaporer, à disparaître, ne laissant percevoir qu’une portion de vide, un vague souvenir de figuration. A travers la disparition il s’est lui-même échappé, définitivement transfuge, il veut construire un monde parfait, où l’art, prendrait la place qui lui a toujours été dévolue, une place centrale, cette évidence, les turpitudes du monde de l’art nous les avaient fait oublier, masquée par des rhétoriques de magazines à la mode. Patrick Sauze lui, remet l’art au beau milieu de son oeuvre, il le place au centre de tout, afin d’affirmer que le sujet de l’art c’est l’art.
Il aime à préciser que le mot art ne devrait pas se prononcer simplement art mais AAARRRT! un son issu des tréfonds de l’être, une respiration essentielle, presque un râle, en tout cas pas un son ni un mot anodin.
Son désir de monochrome, est un pas suspendu, un équilibre entre un rectangle blanc central (Jadis une figuration de la feuille vierge) et une action en pourtour, Tout autour c’est le reste du monde qui se déploie, c’est à l’univers de tourner autour de l’art.
Ce que Patrick Sauze donne à voir, c’est ce que l’artiste vit dans son œuvre, c’est une artocentrie.

Benjamin Lhemoine 2010
























Patrick SAUZE par Pierre TILMAN.

Je vais vous raconter l’histoire de la feuille blanche. Je pourrais même commencer par il était une fois la feuille blanche qui était… elle était où ?… je ne sais pas, il faudrait demander à Patrick Sauze où il met les feuilles qu’il achète, dans un meuble, un placard, un tiroir, dans un carton à dessin? Bon, ça n’a pas beaucoup d’importance pour mon histoire, je continue. Il la prend par les deux coins supérieurs entre ses doigts et ils s’installent tous les deux, la feuille et lui, pour dessiner. Enfin, c’est surtout l’un qui est censé dessiner l’autre. Ce moment de la première rencontre est toujours un moment assez grave, tous les artistes vous le diront. Il y a un rapport un peu sacré, parfois difficile dans cette posture particulière du dessinateur face à la feuille blanche. La vérité est que Sauze, comme tous les chevaliers, est un adepte de ce qui est plus ou moins inaccessible, qu’il caresse l’idée de l’impossible et qu’il a dans la tête des désirs de monochrome. Mais cette vérité que je viens de vous révéler, la feuille ne la connaît pas, elle ne s’en doute même pas, si, peut-être un peu quand même. Elle est là, elle attend. Elle présente les signes de pâleur épidermique qui montre qu’elle n’en mène ni long ni large. Le propre d’une feuille blanche être d’être figurée. Elle espère donc les premiers coups de crayon. Vous savez tous que Patrick Sauze est un artiste, mais je m’aperçois que j’avais omis de vous préciser qu’il fait partie de la confrérie des chevaliers, alors je vous le dis, c’en est un, héroïque s’il en fût, et il en fût, vous pouvez me croire. Pendant ce temps, voilà qu’il s’est mis à dessiner de première grandeur, sa grande et longiligne carcasse attentivement penchée sur la feuille qu’il hachure de fins traits. Laquelle, à l’heure actuelle et au fur et à mesure moins blanche, perçoit avec un début de satisfaction la présence des coups de crayon. Elle est néanmoins encore quelque peu inquiète. Elle retient sa respiration car elle sent que Sauze s’occupe de son pourtour et de ses marges et qu’il délaisse son centre. Qu’est-ce à dire ?, pense-t-elle. Serait-ce un évitement volontaire? Patience, ajoute-t-elle pour elle-même, ne nous alarmons pas. Là encore, je suis contraint d’arrêter le cours de l’histoire pour vous expliquer ce que ne peut voir ni savoir la protagoniste de papier. Cette situation m’oblige en quelque sorte à introduire une voix off dans le récit, procédé qu’au cinéma je trouve souvent trop facile. Mais, dans l’histoire que je vous conte, ce genre de subterfuge me paraît néanmoins nécessaire car, il faut bien le reconnaître, il s’agit d’une confrontation entre un humain et une chose. Ce que je veux que vous compreniez, c’est que Patrick Sauze est en train de mettre la feuille blanche dans le dessin et de dessiner autour de la feuille figurée. C’est pour cette raison qu’il laisse un blanc en plein milieu. Il prononce même un moment, pour préciser sa pensée, ces phrases à voix basse: comme on ne peut pas être au centre, laisser un grand vide au milieu. La feuille les entend et elle reprend confiance. Elle éprouve du contentement à se représenter ainsi, feuille blanche à l’intérieur d’elle même. Ne dirait-on pas que je me mets en abîme, se murmure-t-elle avec un rien de vanité. Elle se souvient avec fierté que le dessinateur est un chevalier. Ce qu’il fait ne peut être que le résultat d’une rigueur et d’une ambition à la hauteur de son titre. Elle comprend que ce qu’elle prenait pour une absence, pour un vide sans espoir est en fait le plus bel hommage qui pouvait lui être rendu : être la feuille blanche, être là, n’attendant rien, n’attendant même pas l’aubaine de quelques traits qui viendraient l’habiller, l’habiter. Être la feuille blanche, point final. Comme au début de notre histoire. Non, pas tout à fait comme au début de notre histoire car la feuille blanche est maintenant dans le dessin. Elle est le résultat de ce combat du blanc avec le noir, du clair avec l’obscur qui est le grand enjeu des héroïques chevaliers qui se battent seuls dans leur atelier, seul contre tous et jusqu’au bout, et qui, à la limite du honteux et du ridicule, remportent leurs victoires. Ce qui fait que c’est une histoire qui finit bien.

Pierre Tilman






 
Dans les derniers travaux de Patrick Sauze, nous assistons là aussi, à une sorte de résurrection. Dans ses aphorismes édités en 2006, sous le tire Le défaitisme triomphant, il écrit : « Mon dilemme : choisir entre la dynamique du vide et l’inertie du plein ». Il s’agit donc là d’une ambivalence, profonde, qui caractérise deux aspects de son œuvre et il semblerait qu’aujourd’hui, avec l’éloge de la page blanche et l’avènement de ses monochromes, ce soit plutôt le vide – peut-on aussi parler de silence ? – qui s’impose.
Mais derrière cette apparente neutralité de ses oeuvres récentes, dont l’inscription 
ART= LUMIERE semble résumer l’envol, il y a l’autre face : celle de « l’intranquillité » de l’être dont l’humour décalé et les jeux de mots (parfois même sans mots), ou de titres sans dessins (mais pas sans desseins) puisent tout aussi bien dans l’univers de la poésie visuelle que dans celui, contestataire et corrosif, de Fluxus. Sans oublier celui des paroliers et des poètes que Patrice Delbourg appelle, dans son ouvrage éponyme, « les jongleurs de mots » (je pense ici, tout particulièrement, à Alfred Jarry, Gaston de Pawlowski, Pierre Dac ou Emil Cioran).
Artiste et inventeur, c’est ainsi que Patrick Sauze se présente à la tout dernière page de son recueil de dessins Les maux et les sauze. Adepte de l’humour noir et de l’auto dérision, c’est sur le dessin d’une pierre tombale que cette inscription figure. Doit-on lire cette image comme l’ultime pensée d’une longue correspondance que l’artiste adresse à « ses lecteurs » ? Il est d’ailleurs assez troublant qu’en réduisant son nom à ses simples initiales nous obtenons PS, traduit communément comme post-scriptum, et que ses dernières recherches se focalisent justement sur le pourtour et les marges de la feuille, comme s’il cherchait à « mettre la feuille blanche dans le dessin » (Pierre Tilman).
Alors, Patrick Sauze, artiste en marge de… ? « Récemment, un parfait inconnu m’a dit qu’il aimait mon travail, je lui ai répondu qu’il devait se sentir seul », ironise-t-il d’ailleurs en 2006. Patrick Sauze en tournant autour de la feuille tournerait-il comme on tourne autour du pot ? Comme son Cercle qui se mord la queue dans un fredonnement ininterrompu « LE MONDE QUE JE PORTE LE MONDE QUI NOUS PORTE » (un soliloque dont la lecture commence à l’endroit où l’on veut) ? Dans le texte introductif au catalogue de dessins précédemment cité, Manuel Fadat écrit que « l’idée n’est pas de produire de la nouveauté, une nouveauté, mais de la déviance ». Quant à nous, il semblerait que le propre de l’art, chez Patrick Sauze, soit de dégager un passage. 

Texte de Fabrice Raymond sur l'exposition "Trois regards sur le livre d'artiste" à la Médiathèque du Musée des Abattoirs de Toulouse.







Propos sur le dessin
Patrick Sauze 2010.

Faire trois petits points,
puis trois petits traits,
puis trois petits points,
vous venez de signifier votre désarroi en dessin,
vous venez d’écrire S.O.S. en morse. 

*
Dessiner le couteau de Lichtenberg.
C’est-à-dire, dessiner
un couteau à la lame cassée dont on a perdu le manche. 

*
Brûler le dessin par les deux bouts.
Dessiner c’est lacérer.
Tracer c’est éviscérer. 

*
Dans le dictionnaire :
dessiller précède dessiner et cela signifie
séparer des paupières qui étaient jointes.
C’est amener à voir. 

*
La tendinite du dessinateur est une blessure de guerre.

*
Penser au dessin comme à un combat perdu d’avance,
la feuille blanche en est son drapeau blanc.

*
Réaliser des petits dessins comme ceux que l’on griffonne en téléphonant,
sans réfléchir, sans enjeu, enfin.

*
Ne tracer que de la ponctuation (virgule, point, tiré, etc.)
ne tracer que de la respiration.

*
Dessiner un grand point d’interrogation et se demander qui a bien pu inventer un tel signe.

*
Raturer est un reproche fait à soi- même
c’est un moment de vérité.

*
Regarder son dessin en se disant que décidément on n’est pas Dürer.

*
Tu peux très bien dessiner un repas
ta faim n’en seras pas pour autant satisfaite
tu ne seras repu que de toi-même.

*
De toute manière tous les dessins s’effaceront,
il n’y aura pas plus de paradis pour les bons dessins
que d’enfer pour les brouillons.

*
La feuille de papier est une hostie rectangulaire au goût désagréable.

*
Le propre du dessin c’est qu’il vous laisse seul, apeuré au milieu de la page.

*
Je vous imagine le crayon à la main face au blanc du support
vous tentez de vous cacher derrière votre crayon, en vain,
vous êtes égaré, souffrant - bienvenue dans mon monde! -

*
Il n’y a pas de limite au geste du dessinateur juste une limite à son propre corps.

*
Tracez un point.
Cela peut tout aussi bien représenter une chiure de mouche,
que prétendre être le point unique placé au centre de l’univers
tout n’est que question d’ambition.

*
Empoignez la gomme et gommez comme on déracine.

*
Vous venez de terminer un dessin.
Voilà, il ne vous appartient déjà plus
il appartient au monde de l’art,
il est la propriété de ce ramassis d’abrutis
sans imagination et sans courage.
Désormais, votre dessin, ils se torchent avec.

*
Traçons mes amis, traçons, buvons
et jouissons
l’énergie que nous diffusons fera fuir
la mort et l’oubli ou plutôt,
elle nous fera oublier la mort.

*
On peut faire autre chose que dessiner avec un crayon,
on peut par exemple se le mettre sur l’oreille pour se donner l’air d’un sage artisan
ou bien prendre le crayon et le tapoter nerveusement sur la table afin d’obtenir
un peu de silence et en profiter pour dire quelque chose d’important.

*
Vous aussi vous dessinez, alors nous sommes frères de sang.

*
En vérité je vous le dis, dessiner ici,
cela équivaut à pisser contre un mur.

*
Le crayon tendu droit vers le ciel, tel un paratonnerre,
nous ne craignons point la colère des cieux.

*
Gommer c’est éviter le pire. 


Patrick Sauze 2010







Patrick Sauze par Kathleen Burlumi
« Imagination morte – imagine » Samuel Becket


Pour les artistes comme Donald Judd, Sol Lewitt ou Elsworth Kelly le travail commence toujours à partir du visible et du tactile. Ce processus est qualifié par les historiens d’art et certains critiques de « minimaliste », même si le terme de « minimalisme » n’a jamais été accepté par les artistes eux-mêmes, car l’élégance et l’essence de leurs œuvres semblent transcender le monde matériel.

Les tableaux de Patrick Sauze sont en opposition fondamentale à cette pratique ; conceptuels plutôt que minimalistes ils sont issus d’une profonde pensée méditative avec une conscience aigüe de l’immatérialité de l’existence dont le vide abyssal subsiste toujours dans notre inconscient.

Dans l’enfance on a joué à avancer sur des pavés tout en évitant de poser les pieds sur les joints ; c’est au moment où le pied est en l’air qu’il faut viser l’autre pave pour être « sauf » . Superstition?… ou intuition du danger de l’inconnu ?…

Patrick Sauze a osé mettre son pied sur le joint et il est passé à travers. Son œuvre commence dans le vide et fait émerger quelque chose qui n’a aucune racine dans ce monde. Avec des moyens exceptionnellement économiques les tableaux matérialisent des formes inusitées mais hypnotiques. C’est une formidable réussite de les avoir fait avec tant de clarté, de délicatesse et de précision. Ils arrivent à créer un espace dans nos têtes comme s’ils étaient la manifestation concrète du « Nagual ».




Kathleen Burlumi 
Adaptation en français : Denis Larané

“Imagination dead-imagine” Samuel Beckett

Artists like Donald Judd, Sol Lewitt or Elsworth Kelly start their working process
from visible and tactile phenomena. Art history refers to them in general as ‘minimalists’ even though the artists themselves never accepted this term: an essential elegance is released through their work, which transcends the material world.

The paintings of Patrick Sauze are in fundamental opposition to this practise : being ‘conceptual’ rather than ‘minimal’ they originate in pure thought, and in a profound awareness of the non – materiality of existence of the abyss, or void, from which our consciousness is never entirely free.

As children , most of us played a game of ‘ not stepping on the crack ‘ between the paving stones –  one foot in the air knowing it must land on the other side in order for us to be ‘safe’. Superstition ? – Perhaps ; more, an intuition of the precarious nature of reality or fear of the unknown.

Patrick Sauze has dared to step on the crack and has fallen through to the other side. His work seems to come from the void, emerging, bringing back something which has no roots in this world. With exceptionally economic means the paintings materialize into forms at once unfamiliar yet hypnotic. It is an amazing feat to have made them with such insight, delicacy and precision – these paintings make space for themselves inside our heads, like concrete manifestations of the “nagual”.

Kathleen Burlumi






"A comme art", dessin mural associé à une toile, dimension variable, 2010.


 A comme art

Associé à un monochrome le A est dessiné au mur, inébranlable, c’est un A qui, comme son auteur a foi en l’art. Patrick Sauze est un plasticien-écrivain de l’essentiel, il n’a pas de temps a perdre en conjecture, il vit sa peinture en état d’urgence, il s’attaque frontalement au monochrome et à sa narration, il affronte sans détour ce paradoxe, car c’est pour lui un juste combat, il en fait une affaire personnelle…
Joan Brossa définissait le A comme "l’entrée en littérature" une bien belle formule que Patrick Sauze a transformé en "A comme art". A l’origine ses monochromes qu’il titre "presque monochrome" sont issus de sa propre angoisse de la toile ou de la page blanche, cette angoisse il l'a transformé en espérance, en exaltation, il nous en dit ceci: « je ressens ces monochromes qui d’ailleurs n’en sont pas comme la chute libre d’un parachutiste, j’y associe la violence, la vitesse du saut à la douceur du vol en parachute, je nomme parfois certaines de mes toiles "parachute ouvert" car elles sont les liens qui me tiennent en éveil entre ciel et terre, entre pensée et action ». A la fois peinture monochrome dessin et écriture, le travail de Patrick sauze s’impose comme un acte ambitieux qui crie à l’art.
 
Benjamin Lhemoine





Ecran, acrylique sur papier, 26 x 35 cm, 2014

















« Encore une figure importante de l'activité créatrice de notre région, Patrick Sauze dont nous avions naguère salué la poétique de l'objet ou les livres d'artistes. Depuis quelques années, après s'être complu à creuser les pouvoirs de la feuille blanche, mis en exergue par la mine de plomb qui lui offrait un cadre interne, Patrick Sauze s'est interrogé au sujet de l'écran. Il l'a conçu comme vide et se soutenant, se sustentant même de sa propre vacuité soulignée par ses interventions graphiques périphériques. Contrairement à ceux qui gèrent notre vie quotidienne, il les imaginait décalés, en déséquilibre, instables et surtout désespérément vides de toute image, il n'en est que trop dans notre environnement intime ou public. On a pu ainsi voir des grisés, ou des évidés, bref, ils semblaient se révolter contre leur destin fonctionnel pour retrouver une liberté que seul l'art pouvait leur attribuer. De là au monochrome il n'y avait plus qu'un pas à franchir et Patrick Sauze ne s'en est pas privé. La zone centrale est bien évidemment vacante, et l'on peut dire que c'est autour de ce centre que s'organise l'intervention picturale. le bord, celui qui se rapproche du cadre est non seulement souligné mais démultiplié de façon à offrir au centre une sorte de théâtralité où se joue l'acte artistique, qui ne nécessite pas l'intervention manuelle mais celle de la pensée. Le monochrome central donc. Un peu comme dans l'oeuvre de Maurice Blanchot, la pensée s'articule autour d'un centre absent, dynamique du fait de son absence même à l'instar d'un trou noir qui drainerait le monde sur ses bords. Mais l'on n’est pas forcés de lire, comme on le ferait d'un Stella, la reconduction du cadre comme un principe déductif a priori. Au contraire, il semble que cette surexposition des bordures tente à marquer l'essor de la force de rayonnement du foyer central, un peu comme le fit jadis mais à partir des couleurs, un peintre de la trempe de Sam Francis. Ce que vise ce débordement sur le réel à partir du cadre c'est en effet la propagation de la force de suggestion impliquée dans la partie centrale revendiquée comme monochrome ; car c'est elle qui fait art, un Art modestement personnalisé et capturé par l'artiste. Sans doute le réel aurait-il besoin que l'on tourne quelques pages et que l'on réécrive l'histoire - et l'art n'échappe pas à cette table rase, sur une feuille vierge. C'est cette utopie qui anime la production actuelle de Patrick Sauze qui renouvelle et dépasse ce point ultime atteint par la peinture et la sort ainsi de l'impasse. On lui souhaite donc d'être reconnue à sa véritable importance. Parallèlement à cette quête, Patrick Sauze a réalisé une série de Rings. Il s'agit de formes circulaires laissant également le centre vacant. Le problème semble assez proche de l'Ecran mais le cercle est connoté de façon différente. Il est cible, principe d'unité et au fond incarnation de l'oeil mis à plat. Il est aussi ce autour de quoi s'agglutinent les regardeurs, ce avec quoi ils doivent se battre pour vaincre leurs préjugés. Métaphoriquement, le "ring" c'est le lieu où se débat le peintre, c'est l'arène où il risque sa vie, c'est l'anneau où il donne du sens à sa vie ». 

Bernard Teulon-Nouailles
L'Art-vues 2014.